Petit crayon pour faire mine
|
Petite agitation au bar littéraire avant-hier. Quelqu’un a remarqué la désignation auteur sans e au bout de mon nom. Avais-je définitivement adopté le masculin? Allais-je prendre des hormones, subir les chirurgies? Avais-je songé à la transformation littéraire? Aux pronoms?
France Daigle nous raconte comment le projet est né en elle d’écrire un livre-fable, un récit à la fois excentrique et concentré, qui se présenterait comme une évidence. Mais le livre se refuse à elle jusqu’à ce que deux événements viennent bouleverser son quotidien. Il y a d’abord l’acceptation de sa nouvelle identité de genre et sa décision de reconnaître sa transition vers le masculin. (Ma masculinité de salon commençait-elle donc à transparaître? Cette masculinité, je n’arrivais pas à savoir si elle était réellement là ou si, tout simplement, je la désirais ou l’imaginais. Était-ce moi qui aspirais à elle ou était-ce elle qui m’aspirait?)
Puis la fable lui arrive enrobée d’une personne, en l’occurrence une femme. (Je n’y croyais pas, aux muses. En tant que femme, je les pensais de simples figures symboliques plutôt inoffensives, à peu près l’équivalent d’un lutin pour un enfant. Aujourd’hui, en tant qu’homme, je suis absolument prêt à prendre au sérieux cette muse inoffensive.)
C’est avec un immense plaisir que nous retrouvons dans Petit crayon pour faire mine l’humour et la soigneuse construction qui faisaient tout le prix de Pour sûr. France Daigle poursuit ici son exploration des frontières et des oppositions – français/anglais, fille/gars, vivre/écrire, Acadie-Amérique/France-Europe –, autant de fantasmes qui sont, pour nous, humains, à la fois porteurs et barrages.
Bio courte :
Originaire de Dieppe, France Daigle est une figure majeure de la littérature acadienne. Elle a publié une dizaine d’ouvrages depuis le début des années 1980. Son roman Pour sûr lui a valu le Prix littéraire du Gouverneur général en 2012. France Daigle a aussi écrit pour le théâtre et signé une chronique dans L’Acadie nouvelle pendant plusieurs années.
Bio longue :
Originaire de Dieppe, France Daigle est une figure majeure de la littérature acadienne. Elle a publié une dizaine d’ouvrages depuis la parution de Sans jamais parler du vent au début des années 1980. Suivent Film d’amour et de dépendance, Histoire de la maison qui brûle, Variations en B et K et La Beauté de l’affaire, tous de facture minimaliste. Dans les années 1990, elle s’engage dans une écriture romanesque plus référentielle avec La Vraie Vie et 1953, chronique d’une naissance annoncée. Un nouveau cycle romanesque naît avec la publication de Pas pire (1998), suivi d’Un fin passage, Petites difficultés d’existence et Pour sûr, roman qui remporte, entre autres, un Prix littéraire du Gouverneur Général du Canada en 2012. France Daigle a aussi écrit pour le théâtre et signé une chronique dans L’Acadie nouvelle pendant plusieurs années. Elle vit à Caraquet.
À retenir
- Nous retrouvons avec bonheur France Daigle et son univers autoréférentiel et jubilatoire.
- En relatant sa transition de genre, la grande romancière acadienne propose une singulière réflexion sur les liens entre vie et création.
- Un roman-jeu qui est une fête pour l’esprit.
NB : Les prix indiqués sont sujets à changements sans préavis.