Retour de Twin Peaks (Le)
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À l’automne 2014, après quelque vingt-cinq ans d’absence, on annonçait que la télésérie Twin Peaks allait effectuer un retour au petit écran. Cocréé en 1990 par David Lynch et Mark Frost, ce feuilleton culte est reconnue pour avoir subverti les codes de la narration télévisuelle, ce que poursuit cette troisième saison intitulée Twin Peaks – A Limited Series Event. D’ailleurs, peu de temps après sa diffusion, le prestigieux Oxford English Dictionary a offert une toute première définition officielle de l’adjectif « Lynchian » de manière à circonscrire les spécificités du style de Lynch, qui assure la réalisation et le montage des épisodes et à qui l’on en attribue la responsabilité auctoriale. En quoi cette troisième saison de Twin Peaks a-t-elle pu venir consolider la poétique de l’artiste? Du reste, quand on parle d’une création lynchienne, que cherche-t-on à dire exactement? Enfin, de quoi le retour de Twin Peaks en 2017, œuvre emblématique de notre présent (?), pourrait-il bien être l’indicateur?
Détenteur d’un doctorat en Langue et littérature françaises de l’Université McGill, Stéphane Girard est professeur de littérature et de sémiologie. Il est auteur notamment des ouvrages Autopsie de l’hétérogène chez Christine Montalbetti (L’Harmattan, 2016), Poétique du mixtape (Ta Mère, 2018), Moi et ma fascination de moi : Figures du narcissisme dans la culture pop (Ta Mère, 2021) et a codirigé le collectif Pour que tu mèmes encore : Penser nos identités au prisme des mèmes numériques (Somme toute, 2021). Il mène des recherches qui portent sur l’inscription de la subjectivité dans la littérature francophone expérimentale et la culture populaire contemporaines.
« En 2020, en pleine pandémie de coronavirus, je me suis surpris à croiser, par l’intermédiaire de divers médias sociaux, des publications numériques faisant la promotion d’un autocollant qu’on nous invitait à appliquer chez soi à la vitre d’une fenêtre. L’affiche transparente, reproduite sur un site Web comme Imgur et achetable sur une plateforme comme Etsy, nous conviait de la sorte à poser un regard disons astucieux sur notre monde, qui s’effondrait soudainement avec cette propagation à l’échelle planétaire d’un virus hautement contagieux et potentiellement mortel.
Elle le faisait de surcroît à l’aune d’une affirmation – "Réalisé par David Lynch", qui imite la typographie typique du générique de Twin Peaks – sensée rendre au chaos ambiant qui régnait à ce moment (et qui règne encore à bien des égards) une forme d’intelligibilité : notre réalité et notre contemporanéité nous seraient désormais profondément étrangères, car expressément lynchiennes (à moins que ce ne soit l’inverse?). »
– Stéphane Girard
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