Chemins d'Angadou (Les)
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Pour se faire une idée juste d’un tableau, il faut habituellement prendre un pas de recul. Pour celui-ci, c’est quelque chose de pratiquement impossible à faire tant des détails qui réclament notre attention. En se penchant, on remarque alors que l’anodin et l’insignifiant deviennent les ingrédients de base d’un surprenant cocktail. Le petit geste devient vite le battement d’ailes d’une mouche qui provoquera une tornade et on se perd dans ce collage d’êtres qui débordent de leur réalité. Leurs désirs dessinent l’histoire de ce tableau qui se tord les boyaux et où personne ne sait pour qui il travaille vraiment. On y voit ces acteurs aveugles qui, dans la boue, avancent en façonnant de leurs pieds un dieu à leur image et cette voie par laquelle ils croient accéder au paradis devient un trou bouché de misérables secrets. Seuls restent les chemins ouverts par le diable qui a décidé de sortir du détail.
Que ce soit par le collage, la peinture ou le dessin, les œuvres de Jacques Bref interpellent autant qu’elles font rire. Jaune, la plupart du temps. Bref, c’est un patenteux sensible qui bricole une surréalité brute et révélatrice des travers aliénants de cette chose complètement tordue que nous appelons le réel. Après Berlin (Bref/Yannick Lacroix) et Gens de chez nous (Bref/ Rigide Ferraille), Bref nous offre maintenant d’entreprendre Les chemins d’Angadou, conduits sales et hasardeux qui nous ramènent à nos vices inhérents. Rappelant la gravure de la première moitié du 20e siècle, l’expressionnisme et le film muet, Bref utilise l’intrigue de façon extravagante et grotesque pour raconter la tragédie humaine produite par le croisement des différentes réalités. Le contraste est peint au goudron et les personnages s’y collent au fil des actions et des vies choisies par ces derniers.
NB : Les prix indiqués sont sujets à changements sans préavis.
