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Il n'y a que les fous
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En invitant dix auteurs à écrire sur le thème de la folie, Cassie Bérard devait forcément s’attendre à quelques surprises. Elle connaissait évidemment la propension au roman-fleuve de Jean-Simon DesRochers, la passion de David Bélanger pour les romans policiers, le penchant de François Blais pour les personnages étranges de même que les univers déconcertants d’Andrée A. Michaud, pour ne nommer que ces derniers. La folie qu’elle convoquait est bel et bien au rendez-vous.
Avec jubilation et enthousiasme, les auteurs du recueil Il n’y a que les fous mettent en scène un éventail de névroses portées par des personnages... banals, poussés dans les débordements d’une certaine normalité. L’un est amoureux de « la dame figurant sur les emballages des lampes de luminothérapie de marque Rondo (modèle INNOSOL) » (François Blais, « Nous avons un problème »), l’autre exprime les affres du manque de nicotine dans un long monologue au rythme engourdissant (Jean-Simon DesRochers, « L’exemple du cambiste périphérique »), ou imagine des complots internationaux (David Bélanger, « Mettre la pomme en doute »).
Ailleurs, la folie s’inscrit dans le sentiment d’aliénation et de peur que provoque le quotidien. Vivre en 2015 avec un nom étranger et une « gueule de métèque », par exemple, et devoir affronter le poids de ses origines (Mélikah Abdelmoumen, « Cauchemarder à rebours ») ou chercher l’inspiration sur les touches d’un clavier (Mathieu Leroux, « DD BY ») s’avèrent tout aussi troublants que la violence d’Andy (Andrée A. Michaud, « Circonvolutions »). La vieillesse et la solitude s’imposent comme les moteurs d’une paranoïa meurtrière (Jean-Michel Fortier, « Sa main à couper ») tandis que les sentiments d’impuissance et de culpabilité rongent les gens ordinaires (Olivia Tapiero, « Parasite »), en conduisent certains à l’autodestruction (Pierre-Luc Landry, « Ce que l’on voit dans les yeux du monstre ») ou à préférer le jardinage aux rêves (Jean-François Chassay, « Pas là »).
Deux conclusions s’imposent à la fin de cette décoiffante lecture. D’une part, les auteurs convoqués par Cassie Bérard s’en sont donné à coeur joie. D’autre part, si nous comprenons si bien ces personnages, est-ce parce que nous sommes tous, finalement, un peu fous ?
Titulaire d’un doctorat en études littéraires de l’Université Laval, Cassie Bérard est éditrice à la division adulte de La courte échelle À l’étage et enseigne la littérature au collégial. Elle est l’auteure du roman D’autres fantômes (Druide 2014) ainsi que de plusieurs nouvelles publiées dans des revues et collectifs. Son deuxième roman, Qu’il est bon de se noyer, sortira à l’hiver 2016.
NB : Les prix indiqués sont sujets à changements sans préavis.