Part de l'océan (La)
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Moby Dick, c’est l’histoire d’un amour qui n’a pas su commencer, et d’un livre qui refuse de finir.
À l’origine de ce roman, il y a les lettres de Herman Melville à Nathaniel Hawthorne, découvertes par hasard il y a quelques années. Alors que je n’avais jamais réussi à lire Moby Dick, je me suis plongée dans cette moitié de correspondance avec passion et y suis revenue pendant des semaines, incapable de m’en détacher, refaisant le chemin d’une missive à l’autre en cherchant à saisir ce qui avait pu mener Melville à écrire la dernière de ces lettres, qui est à la fois l’une des plus belles déclarations d’amour que j’ai lues et un formidable monument de folie. Je tentais d’imaginer entre les blancs les réponses de Hawthorne. Peu à peu, ces deux hommes sont devenus deux personnages, j’avais déjà sans le savoir commencé à écrire leur histoire.
Ce sont les livres qui décident. On peut accepter de les suivre ou refuser. J’ai choisi de suivre celui-ci, pendant l’écriture duquel s’est installée dans ma vie une autre correspondance – et c’est donc aussi de cela qu’il est question dans ces pages : des écrivains qui sont d’abord des êtres de papier, de la frontière entre les livres et nous, de ces moments où le monde réel et celui qu’on invente en viennent à basculer pour se confondre. Et de l’océan, qui est le lieu de tous les mystères, de toutes les rencontres, et des plus beaux dangers.
— Dominique Fortier
Au mois d’août 1850, Herman Melville fait la connaissance de Nathaniel Hawthorne lors d’une excursion dans les monts Berkshire. Cette rencontre marquera un point de bascule dans la vie de l’écrivain qui, à l’époque, est déjà en train d’écrire l’histoire d’un grand cachalot blanc, d’un capitaine à demi fou et d’un matelot à demi menteur. Mais Moby Dick prend dès lors un nouveau tournant. Au cours des mois qui suivent, plongé dans une fiction qui lui échappe peu à peu, Melville adressera à Hawthorne des lettres fiévreuses comme autant de chapitres secrets de ce livre total, né du désir d’un homme pour un autre qu’il ne pourra jamais toucher autrement que par le roman.
Pendant qu’il navigue entre son œuvre et sa vie, sa femme Elizabeth tient maison, lui apporte ses repas sur un plateau, élève son fils et recopie son manuscrit brouillon. Mais tout cela ne se déroule qu’en surface. Dans l’océan de ses propres pensées, Lizzie s’échappe par le rêve, et dans une écriture fervente qu’elle ne saurait nommer mais qui n’a d’autre nom que poésie. Entre eux flotte l’insaisissable spectre de Nathaniel Hawthorne, à la fois ange et ombre, salut et désastre.
À leur histoire, Dominique Fortier entrelace les fils d’une autre trame, celle de deux écrivains qui se découvrent d’abord dans l’écriture, tentent un instant d’habiter le réel pour se quitter à travers un roman. En imbriquant ces deux relations houleuses, distantes de plus de 170 ans, l’autrice qui a fait renaître Emily Dickinson réussit une nouvelle fois à éclairer les vies de créateurs disparus à la lumière d’une fiction aux accents à la fois intimes et universels. Dans La part de l’océan, elle explore la nature complexe des liens entre les écrivains et ceux qui les lisent, les élans humains qui engendrent les œuvres, et le désir d’incarner, en un être ou en un livre, l’immensité et la beauté absolue du monde terrestre, marin et céleste.
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