Petits théâtres
| Aussi disponible en version numérique: |
Con augas pasadas non moven muinos - « le courant qui passe ne fera pas tourner la meule ». Les poèmes de Moure, avec cette idée derrière la tête, s'aventurent dans de petits territoires de perplexité -l'eau, la langue -, emportant les sons du galicien dans notre français. En ces temps troubles et tristes, les langues - rendues violentes par les rhétoriques du commerce et de la guerre - portent de nombreuses blessures. Les poèmes de Petits théâtres accueillent de nouvelles sonorités, des gouttelettes, comme si elles pouvaient nous aider à nous reprendre, un tant soit peu, tranquillement, sans nous blâmer, pour que nous puissions de nouveau supporter nos langues et nous ouvrir à l'autre : agasallo, cortesia, pataca, amor.
Théâtre du peito (Santiso)
Un homme repose dans les bras d'une femme
sa peau est bleue et ses lèvres sont bleues
et son torse est une fourche
aplatie aux dents bleues
Peut-être est-il mort, peut-être rêve-t-il
peut-être se souvient-il que la loi l'a fauché
il a fermé les yeux
ses yeux sont ouverts
son torse est une fourche
Sa tête est toute petite, barbue de fils
sa tête a la grosseur d'un oignon
dans les bras d'une mère
où apporte-t-elle cet oignon :
son torse est tellement énorme !
sur la route surplombant les toits :
pourquoi cet oignon se promène ici ?
NB : Les prix indiqués sont sujets à changements sans préavis.