On se trouve ici devant un essai qui s’intéresse au rôle que devrait, pourrait jouer la critique dans une perspective de dialogue avec les lecteurs. Au-delà des mouvements populaires et des auteurs à succès, comment faire en sorte que les éléments les plus importants, ceux qui poussent les auteurs à se dépasser et à innover, soient mis en valeur ? Que peut réellement la critique dans une société soumise à des dictats de rapidité, de « punch » et de clics ?
 
David Dorais ne fait pas le procès des critiques littéraires, mais propose plutôt une réflexion sur leur travail, sur le rôle de défrichage et de valorisation que pourraient jouer ces grands lecteurs. Lui-même critique et auteur (L’inconvénient, Canadian Literature, XYZ, etc.), l’auteur ne tente pas de pointer du doigt les succès et les échecs des uns et des autres et s’inclut lui-même dans la réflexion. Il suggère plutôt une méthode de la critique idéale qui s’appuierait sur certains critères précis (le style, l’imaginaire) tout en déplorant ce qu’il nomme la « critique de proximité », c’est-à-dire l’approche qui « prend pour critères tout ce qui relie le lecteur à ce qu’il connaît et admet déjà ». Après une réflexion sur l’évolution du genre de la critique littéraire au Québec, il procède par un texte clair, des exemples précis tirés de la production romanesque québécoise et des contextualisations socio-historiques bien vulgarisées à un examen de l’état de la critique actuelle.
 
Cet essai d’une belle simplicité s’adresse autant aux critiques chevronnés qu’aux étudiants en littérature, dans la mesure où il offre des pistes de réflexion qui guident le lecteur vers un travail d’introspection et de recul. Si le Québec peut se targuer d’avoir une littérature riche, dynamique et variée, ne devrait-il pas également se donner les moyens de la mettre réellement en valeur ?

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